Ομιλία για τον εορτασμό
των 40 χρόνων λειτουργίας
της Ευρωπαϊκής Οργάνωσης Δικαστών
για τη Δημοκρατία και τις Ελευθερίες MEDEL (FR)
L’Anniversaire de 40 ans de MEDEL
Strasbourg 3 juin 2025
C’est avec un grand plaisir et en même temps une grande émotion, en tant qu’un de fondateurs de MEDEL, de participer à la célébration des 40 ans depuis la création de notre organisation judiciaire européenne. Je me souviens toujours notre première Assemblée générale le 29.11.1987 à Paris et de mon mandat au sein du premier Bureau pour la période 1987 à 1989, sous la présidence d’un juge éminent, philosophe et militant aussi, qui malheureusement n'est pas plus entre nous, le Belge Christian Wettinck. Il n’est pas le seul absent entre nos anciens collègues. Mais, c’était Christian, cette personnalité importante, qui a donné un prestige particulier à notre organisation européenne nouvellement créée. J'avais alors participé au Bureau, au nom des juges grecs à titre personnel. Ensuite, en 1989, nous avons fondé en Grèce l’Association de magistrats grecs pour la démocratie et les libertés, qui est devenue dorénavant membre de MEDEL.
Notre Association judiciaire grecque se caractérise par la participation à ses seins de
juges provenant de
tous les branches de la justice grecque, à savoir la justice civile,
pénale et administrative, ainsi que d’avocats du ministère public. Ils sont membres
aussi de magistrats
à la retraite. L΄Association hellénique agit en parallèle avec les syndicats de magistrats et collabore avec eux. En 2019, nous avons célébré à Athènes les trente ans de l’existence de l'organisation grecque, avec la participation, de la part de MEDEL, d'un grand nombre de magistrats de pays européens. À Athènes également, nous avions célébré auparavant, en mai 2016, les 30 ans de MEDEL lui-même. Il faut souligner que notre Association hellénique
avait été initialement accueillie
avec beaucoup de réserve par l’establishment
judiciaire de notre pays. Les juges étaient traditionnellement
tenus à une attitude qui interdisait presque
l'expression libre
de leurs opinions et des actions qui en découlent, à l’exception notable les membres du Conseil d'État qui constitue en Grèce la Cour Administrative Suprême.
Notre Association nationale, grâce en plus à l'influence de MEDEL, a osé
quelque chose de nouveau, de différent, de plus libre dans le domaine
judiciaire traditionnellement conservateur. Au fil des années, notre Association
a organisée de nombreuses manifestations publiques (communications, journées
d'information, conférences etc.) à Athènes et dans d'autres villes de la Grèce,
sur de questions liées à l'indépendance et la démocratisation de la justice et
à la protection des droits de l'homme, individuels et sociaux. Les générations
de juges se succèdent et les nouveaux collègues prennent le relais avec mérite.
Cependant, la justice est toujours attaquée, même à nos jours, et son
indépendance est menacée partout en Europe.
Les siècles se sont écoulés depuis qu'Aristote a mentionné pour la première fois la distinction des trois pouvoirs à l'organisation de la Cité. Montesquieu l'a suivi plusieurs siècles plus tard. Les Constitutions et les textes internationaux l'ont ensuite formulée par écrit. Cependant, l'autorité gouvernementale
veut partout être
incontrôlable, fonctionner
sans règles, ne pas rencontrer de résistances, en collaboration
toujours étroite avec
le pouvoir économique. Les équilibres des trois pouvoirs de l'État dérangent les gouvernements, les check and balances ne sont pas facilement acceptés. Mais c'est surtout l'autorité judiciaire qui dérange l’exécutif, car
elle ne cède pas facilement à ses pressions. L'indépendance
de la justice exige qu'elle ne soit pas prévisible à son action et à ses décisions. Le pouvoir politique fait pourtant tout ce qu'il peut pour influencer ou empêcher le jugement judiciaire libre. Les juges résistent cependant partout.
Nous nous appuyons dans toute
l’Europe sur de bases solides : Ce sont nos traditions démocratiques
et nos textes constitutionnels
nationaux, ainsi que les textes de l'Union européenne et du Conseil de l’Europe. Le respect cependant de ces textes n'est pas facile en fait. Il nécessite de luttes collectives mais aussi des efforts individuels. L'indépendance
de la justice n'est pas un privilège des juges, elle au service du peuple et vise à annuler l'absolutisme
qui se cache sous n'importe quel déguisement prétendument
populaire. Les attaques contre l'autorité judiciaire sont malheureusement nombreuses dans tout le continent européen. Et les organisations judiciaires nationales,
MEDEL et chaque juge individuel doivent rester vigilants, afin
qu’on puisse repousser les
tendances autoritaires
des autorités gouvernementales.
La démocratie n’a pas, malheureusement,
cessée d'être menacée en Europe par les nombreuses et dangereuses aussi conceptions
prétendues anticonformistes, mais en fait réactionnaires, par les idéologies soi-disant
neutres et les pratiques bureaucratiques de Bruxelles, par l'absence générale
de politiciens de valeur, par une hypocrisie politique très répandue, par de
compromis perpétuels sur tous les niveaux, qui sapent la pureté idéologique de
notre tradition européenne démocratique commune.
En revanche je ne peux que de me réjouir de la croissance considérable de MEDEL au fil du temps, qui a intégré de nombreuses organisations judiciaires de l'Europe de l'Est. Je n'ai qu'une seule inquiétude: J'espère que les nombreux problèmes, auxquels les magistrats se sont confrontés, principalement issus de pays de l'Europe de l'Est, n'affectent pas les efforts que Medel a consacrés, dès le début, notamment sur l’approfondissement de la démocratie en ce qui concerne l'organisation de la justice et les libres expressions et actions des associations judiciaires, ainsi que de chaque juge et procureur individuel dans notre Continent.
En
terminant, je dois surtout signaler que nous devons préserver
surtout la paix dans notre Europe éprouvée, contre les
propagandes de parties maintenant encore belligérantes. Un
mouvement pacifiste doit se répandre partout dans notre Continent. Nous ne
voulons aucune guerre entre européens. La guerre existante à Ukraine doit finir
honnêtement et le plus vite possible. Car le droit à la vie est naturellement le premier de droits fondamentaux, qui doit être efficacement respecté en Europe et partout
dans le monde. Les guerres annulent
le droit à la vie en définitive, non seulement pour les troupes, mais
aussi pour la population civile. Nos pensées sont, ces jours-ci, surtout aux
personnes touchées le plus par la guerre, qui sont en plus les plus innocentes,
c’est à dire aux enfants, ukrainiens et
russes ainsi qu’aux enfants
palestiniens. Il faut agir pour la paix et agir vite.
Georgios Stavropoulos


